Le “quiet cracking” : pire que le “quiet quitting” ?

Illustration générée par intelligence artificielle

Dans les entreprises modernes, la productivité est souvent perçue comme un signe de réussite. Cependant, une étude récente de Gallup révèle une réalité inquiétante : près de la moitié de la main-d’œuvre mondiale serait en situation de “quiet cracking”, engendrant environ 438 milliards de dollars de pertes en termes de productivité. En surface, ces salariés semblent accomplir leurs tâches, livrant des dossiers à temps et participant à des réunions. Pourtant, en interne, leur motivation s’effondre. Une autre étude menée par TalentLMS souligne que 54 % des employés américains ressentent un malaise professionnel persistant, dont 20 % de façon systématique. Ils continuent de produire, mais souffrent en silence.

Contrairement au “quiet quitting”, où l’engagement est volontairement réduit, le “quiet cracking” résulte plutôt d’un mécanisme de protection. Ces employés ne choisissent pas d’investir moins de temps et d’énergie ; ils n’en ont tout simplement plus la force. L’usure mentale s’installe progressivement, alimentée par un manque de reconnaissance, des perspectives de carrière floues ou une perte de sens au travail. Certains deviennent passifs lors des réunions, d’autres cessent de proposer des idées, et certains peuvent même multiplier les arrêts maladie sans jamais réellement aborder leur mal-être.

Le “quiet cracking” est une fracture intérieure qui peut conduire à des conséquences dévastatrices si non prise en compte.

Pour les dirigeants, il est crucial de ne pas se laisser berner par une apparente productivité. Un employé peut très bien continuer à performer tout en étant émotionnellement épuisé et désengagé. Selon Gallup, seuls 14 % des salariés européens se considèrent engagés dans leur travail, ce qui place cette région en tête des statistiques de désengagement. Ce phénomène peut rapidement se transformer en burn-out, en départ soudain ou en rupture de contrat, soulignant l’importance de repérer les signes précurseurs de ce déséquilibre émotionnel.

Pour prévenir le “quiet cracking”, plusieurs leviers peuvent être actionnés. Premièrement, restaurer une perspective d’avenir est essentiel. L’absence de progression possible peut conduire à l’épuisement. Clarifier les parcours de carrière et investir dans la formation sont des actions préventives qui renforcent le sentiment de sécurité des employés. Ensuite, un management empathique est fondamental. Un employé qui se sent écouté est moins susceptible de sombrer dans le silence destructeur du “quiet cracking”. Enfin, il est crucial d’aligner les valeurs de l’entreprise avec les motivations personnelles des collaborateurs. Des enquêtes internes et des points d’écoute réguliers permettent de mettre en lumière ce qui peut rester invisible dans les bilans de performance.

En résumé, le “quiet cracking” représente un état transitoire qui, s’il est ignoré, peut mener à des ruptures graves. En revanche, si l’on prend le temps d’écouter et d’agir, cela peut conduire à un renouvellement de l’engagement et à un environnement de travail plus sain et productif.

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