Jean-Marie Luttringer, éternel juriste et penseur engagé, nous a quittés, laissant derrière lui un héritage indélébile dans le secteur de la formation professionnelle en France. Son parcours est marqué par son attachement aux principes fondamentaux établis par les pères fondateurs du système français de formation professionnelle. Connu pour son exigence et sa rigueur, Jean-Marie avait également ce don rare de favoriser les échanges d’idées, enrichissant ainsi ses réflexions au contact des autres. Les témoignages de ses collègues et amis montrent à quel point il a été une figure emblématique de Centre Inffo.
Michèle Boumendil, fondatrice du cabinet Boumendil & Consultants, ne manque pas de souligner l’impact considérable de Jean-Marie sur le droit de la formation professionnelle. “Sans lui, ce droit n’existerait pas”, clame-t-elle avec passion. Sa volonté de prolonger son héritage est claire : réinventer le système de la formation professionnelle, en revenant à ses racines et en visant l’instauration d’un véritable droit universel à la formation pour tous. Boumendil appelle les partenaires sociaux à reprendre en main une réflexion stratégique qui, aujourd’hui, semble trop souvent soumise à des considérations financières de court terme.
L’héritage de Jean-Marie Luttringer appelle à une profonde réflexion sur l’avenir de la formation professionnelle, en réaffirmant les valeurs d’émancipation et de droit universel à la formation.
Les réflexions de Joël Ruiz, président de la commission de la certification à France Compétences, révèlent également l’influence marquante de Jean-Marie sur de nombreux juristes en formation. Selon lui, Jean-Marie incarnait une exigence qui dépassait le simple cadre juridique, en intégrant les dimensions stratégiques et sociales. Pour Ruiz, l’œuvre de Luttringer a permis de faire de la formation professionnelle un enjeu au croisement de divers droits, incluant ceux des travailleurs. Jean-Marie avait le talent rare de relier les questions de formation à un cadre plus large de justice sociale et de solidarité.
Jean-Pierre Willems, consultant et ancien collaborateur de Jean-Marie, décrit également leur collaboration comme un enrichissement mutuel basé sur des échanges intellectuels profonds. Il souligne que Jean-Marie n’était pas seulement un homme de conviction, mais aussi un penseur ouvert, prêt à considérer les perspectives divergentes pour enrichir sa réflexion. Sa vision de la formation professionnelle était celle d’un droit partagé, intégré dans un corpus de principes équilibrant les intérêts individuels et collectifs.
Alors que nous pleurons la disparition de Jean-Marie Luttringer, ses contributions au secteur de la formation professionnelle demeurent un phare pour futurs acteurs. Il nous incombe de veiller à ce que son héritage perdure et d’œuvrer à la mise en œuvre des idéaux qu’il défendait : une émancipation individuelle fondée sur un cadre collectif fort.
