Une récente étude réalisée par des chercheurs de Johns Hopkins, de l’Université nationale de Singapour et de Carnegie Mellon a mis en lumière un phénomène intrigant : plus l’intelligence artificielle (IA) génère de fausses informations, plus les individus se tournent vers les médias traditionnels pour obtenir des nouvelles fiables. En collaboration avec Süddeutsche Zeitung, l’un des grands noms de la presse allemande, les chercheurs ont conçu un quiz interactif destiné à évaluer la capacité des lecteurs à distinguer les images authentiques de celles générées par IA.
Les résultats ont révélé que 36% des participants n’ont pas réussi à identifier correctement les images falsifiées. Ce résultat fort surprenant montre non seulement la puissance de l’IA dans la création de contenus trompeurs, mais aussi l’importance croissante des sources fiables. Plus intéressant encore, l’étude a observé une augmentation de 2,5% des visites quotidiennes sur le site du journal après que les participants aient pris conscience de cette difficulté, et un tiers des désabonnements a été évité parmi ceux qui ont pris part à ce quiz.
“Plus on est bombardé de contenus artificiels, plus on apprécie l’humain qui se cache derrière l’information.”
Filipe Campante, l’un des chercheurs impliqués, explique que cette prise de conscience permet aux gens de mieux comprendre la valeur d’avoir accès à des sources d’information fiables dans un paysage médiatique saturé de contenus douteux. De manière fascinante, le quiz a fonctionné comme une forme de “vaccination” contre la désinformation : une petite exposition à des éléments trompeurs a renforcé l’esprit critique des participants, qui, par la suite, se sont davantage orientés vers des contenus vérifiés.
Bien que l’étude ait été réalisée auprès d’un public allemand, habitué à investir dans des informations de qualité, ses conclusions ouvrent la porte à des questions cruciales sur la manière dont les médias français, par exemple, pourraient réagir face à ce phénomène. Dans un contexte où beaucoup consomment des informations gratuites sans discernement, l’opportunité de faire valoir l’importance et l’authenticité du journalisme devient essentielle. Pour les médias « traditionnels », cette situation offre la chance non seulement de se démarquer des nouvelles générées par IA, mais aussi d’intégrer des modules éducatifs sur la détection des fausses informations.
À travers cette évolution, il se pourrait que la présence omniprésente de l’IA renforce la valeur du journalisme humain. Les lecteurs ne cherchent pas seulement des informations, mais également la confiance qui réside dans un travail journalistique rigoureux. À long terme, cette dynamique pourrait être une invitation à penser à la formation d’une génération plus résistante à la désinformation, pouvant ainsi répondre à la prolifération d’œuvres générées par IA dans des domaines variés, de l’art à la photographie. En somme, alors que le paysage médiatique continue de se transformer, c’est bien l’authenticité qui semble avoir gagné en importance pour le public.
