Selon une enquête récente pour Hostinger Tutoriels par FLASHS, trois femmes sur dix affirment avoir été destinataires de mails professionnels déplacés, teintés de séduction ou d’intimité. C’est un phénomène qui se répand de plus en plus dans l’espace de travail et qui affecte particulièrement les jeunes salariées et les dirigeantes. “La problématique du sexisme dans les échanges professionnels est particulièrement présente chez les jeunes femmes et les dirigeantes”, souligne Léa Paolacci, cofondatrice de FLASHS.
Il est intéressant de noter que les dirigeantes sont plus sujettes aux courriels professionnels inappropriés : 40% des cadres ont avoué en avoir déjà reçus, contre 20% pour les femmes salariées. Les plus jeunes sont également plus touchées par ce phénomène, avec près de la moitié des 18-24 ans et 41% des 25-34 ans qui ont reçu des messages indélicats. C’est presque deux fois plus que les femmes de 35-49 ans (23%) et de 50-64 ans (24%). De plus, 50% des jeunes femmes entre 18 et 24 ans affirment avoir déjà été invitées à des rendez-vous en dehors du cadre du travail.
“L’hyper visibilité des jeunes femmes en entreprise, couplée aux attentes sociales autour de la féminité et de la jeunesse, les rend plus vulnérables au sexisme en milieu professionnel.”
Selon Léa Paolacci, il y a plusieurs raisons à cela, dont “l’hyper visibilité des jeunes femmes en entreprise”. Leur statut en début de carrière est souvent associé à des attentes sociales autour de la féminité et de la jeunesse, ce qui les rend plus susceptibles de subir du sexisme. D’autre part, la jeune génération est également plus sensible aux comportements sexistes et donc plus encline à les dénoncer. “Il y a une véritable évolution générationnelle sur ce sujet”, observe Bernard Coulaty, professeur de leadership à l’IÉSEG. Il fait aussi remarquer que cela met en lumière le problème du rapport à l’humour en milieu professionnel, souvent utilisé par les managers pour créer un climat de convivialité.
Mais cette convivialité peut vite déraper et mener à des situations inconfortables ou problématiques, au point où certaines salariées évitent de participer aux événements conviviaux pour éviter des situations délicates. Le mail devient donc le nouveau terrain d’expression du sexisme, et ce malgré le fait que ces messages laissent des traces écrites.
“Ces contenus inappropriés dans les messageries professionnelles reflètent des inégalités de genre persistantes dans l’espace de travail numérique, où des violences parfois subtiles, mais réelles continuent d’imprégner les interactions professionnelles”, déplore Léa Paolacci. Ces contenus inappropriés peuvent prendre différentes formes : “En général, il s’agit de demandes d’informations personnelles ou intimes”, précise la co-fondatrice de FLASHS. “Pour d’autres, il s’agit de contenu sexuellement explicite envoyé sur les messageries professionnelles. Et cela concerne une femme sur cinq. Il y a aussi des propositions de rendez-vous en dehors du cadre du travail”, conclut-elle.