Face à l’idée des sénateurs de faire travailler les actifs 7 heures supplémentaires par an sans rémunération pour renflouer les comptes de la Sécurité sociale, l’économiste Frédéric Bizard exprime ses réserves. Ce dernier souligne sur BFMTV l’enjeu d’une telle mesure : “Aujourd’hui, on a une productivité qui est plus faible, donc si on veut rester compétitif et ne pas se paupériser […] il faut travailler collectivement plus”.
Cette proposition est indiquée à permettre d’augmenter le taux de contribution de solidarité pour l’autonomie de 0.3% à 0.6%. Selon Philippe Mouiller, président de la commission des Affaires sociales du Sénat, cette contribution pourrait apporter 2,5 milliards d’euros à la branche autonomie de la Sécurité sociale. Mais le doute subsiste pour l’économiste sur l’usage de ces fonds : “Si c’est pour que les gens s’enrichissent davantage, oui. Si c’est pour renflouer les comptes de la Sécurité sociale pour une vraie refonte du système, pourquoi pas. Mais là, c’est pour éponger les dettes, mais sans amélioration des services rendus. Ça me paraît plus difficile à vendre aux Français”.
“Les Français sont lucides, ils sont prêts à faire des efforts, mais ils sont également lucides sur l’état des services publics, de la Sécurité sociale qui a un déficit qu’on a jamais connu hors période de crise(18 milliards d’euros en 2024)”
Bizard alerte sur le risque d’un tel projet qui se perdrait dans les dettes sans engager de réformes structurelles, alors que les Français sont conscients de l’état des services publics et du déficit de la sécurité sociale. Il déplore cette situation où il n’y aurait ni plus de travail pour plus de revenus, ni plus de travail pour des services publics plus performants et des comptes à l’équilibre.
L’économiste pointe également l’injustice sociale de la mesure, soulignant que pour ceux qui ont un travail pénible ou sont proches du SMIC, rajouter sept heures non rémunérées serait un effort supplémentaire très important. Bizard plaide alors pour une véritable refonte du système de gestion de l’autonomie et du système de santé.