Dans un courrier adressé au Premier ministre Sébastien Lecornu, les syndicats et organisations patronales, à l’exception du Medef, ont exprimé leur demande claire et unie : l’abandon par le gouvernement du cadrage financier établi en août par le gouvernement Bayrou. Cette initiative, qui vise à réaliser 2 à 2,5 milliards d’euros d’économies par an sur l’assurance-chômage jusqu’en 2029, est jugée inacceptable par les cinq syndicats représentatifs—CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC—et les deux organisations patronales CPME et U2P.
Les syndicats cherchent à ouvrir des négociations interprofessionnelles concernant les contrats courts et les ruptures conventionnelles, sans le poids de ce cadrage financier. Selon les syndicats, cette renonciation formelle est essentielle pour permettre des discussions fructueuses et équilibrées sur ces questions importantes pour le marché du travail.
La crainte des syndicats est que l’absence de retrait formel laisse la porte ouverte à de futures réformes imposées par l’État.
Le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, a lui-même reconnu qu’il souhaitait avancer rapidement sur ce dossier, proposant aux partenaires sociaux d’explorer les moyens de trouver des économies substantielles. Cependant, les syndicats rappellent que tout cela doit se faire dans le cadre d’une démarche plus large, visant à améliorer la qualité de l’emploi et à sécuriser les parcours professionnels des travailleurs.
La lettre de cadrage envoyée en août stipule que, si les partenaires sociaux ne parviennent pas à trouver un accord, l’État interviendrait par décret pour définir les règles d’indemnisation. Cela crée une tension palpable, car la précédente réforme de l’assurance-chômage introduite en novembre 2024 est encore récente et les partenaires sociaux ont le sentiment que des ajustements brusques ne sont pas nécessaires.
Soucieux d’éviter une situation où des décrets contraires à leurs intérêts pourraient être imposés, les syndicats continuent de pressentir le gouvernement de renoncer explicitement à cette lettre de cadrage, craignant de voir émerger une « épée de Damoclès » peser sur les négociations futures. En ce sens, le dialogue entre l’État et les acteurs sociaux semble plus crucial que jamais.
